AUTEUR DE L’ARTICLE
Adriane DEQUATRE | ASV de chirurgie

De nos jours les races brachycéphales sont de plus en plus controversées mais restent très populaires. Il est important de comprendre l’anatomie de ces races spécifiques pour les prendre en charge de manière optimale lors d’une anesthésie.

Le syndrome respiratoire brachycéphale (SRB) est dû à une abondance de tissus mous qui obstruent les voies respiratoires supérieures ; plus connue sous le nom de SORB (syndrome obstructif respiratoire brachycéphale). Ce syndrome est responsable de signes cliniques respiratoires (ronflements, difficultés respiratoires, intolérance à l’exercice ou à la chaleur, voire pertes de connaissance) et digestifs (vomissements, régurgitations). Les anomalies fréquemment rencontrées sont la sténose des narines, un palais trop long et trop épais puis secondairement avec le temps, une éversion des ventricules du larynx et un collapsus (affaissement) du larynx) ayant pour conséquence d’aggraver encore les signes cliniques. La résistance au passage de l’air au niveau des voies respiratoires supérieures favorise une dilatation aérique chronique de l’estomac favorisant l’inflammation par hypersécrétion acide et des reflux gastro-œsophagiens.
Ces particularités font de ces chiens des patients à risque lors d’une anesthésie.

Pour préparer l’animal à l’anesthésie il est important de se mettre dans de bonnes conditions.

Une prémédication peut s’avérer utile pour faciliter la contention et calmer l’animal. Elle permet également de procurer une analgésie et de préparer l’animal à un réveil plus calme. Des injections d’anti-acides et anti-vomitifs permettent de limiter le risque de reflux et de régurgitations pouvant conduire à une bronchopneumonie par fausse déglutition, potentiellement fatale pour l’animal.

Une voie veineuse est primordiale avant l’anesthésie.

La mise en place du cathéter doit se faire au calme, avec seulement deux personnes pour la contention pour éviter de stresser l’animal et ainsi limiter le risque de dyspnée. Il est recommandé de pré oxygéner l’animal avant la contention et l’anesthésie afin de retarder l’hypoxie qui survient souvent après l’apnée causée par l’induction. On peut par exemple placer le tuyau d’arriver d’O2 devant sa gueule en veillant à ce que l’animal supporte ce procédé et que celui-ci ne le stresse pas d’avantage (la cage à oxygène n’est pas conseillée afin d’éviter les coups de chaleurs).

Il est primordial de préparer en amont l’ensemble du matériel nécessaire pour l’induction et l’intubation de l’animal.

Ainsi, placez-vous à proximité du circuit d’anesthésie afin de brancher directement l’animal à l’arrivée d’oxygène et de gaz anesthésique. Préparez les sondes endotrachéales (de petit diamètre par exemple 3,5 à 7 pour les bouledogues français ou carlins), un laryngoscope, un lien et un spray de xylocaïne. Une fois intubé, réalisez toujours un test de fuite. Veillez à gonfler légèrement le ballonnet pour protéger les voies aériennes de tout reflux et régurgitations.

Une surveillance anesthésique rapprochée est nécessaire de votre part.

Lors de la phase de réveil, chaque animal doit être surveillé rigoureusement. Il faut être encore plus vigilant avec les cas opérés des voies respiratoires en raison de l’œdème secondaire à la chirurgie pouvant aggraver la dyspnée.

La position sternale est la plus adaptée en surélevant légèrement la tête et le thorax (à l’aide d’une alèse ou d’une serviette par exemple).

Généralement ces races brachycéphales supportent beaucoup plus longtemps la sonde endotrachéale que les autres animaux car c’est un confort pour eux de pouvoir enfin bien respirer !

En procédant à une extubation tardive, l’animal est ainsi oxygéné plus longtemps.

En revanche une fois que le patient déglutit, il faut en partie dégonfler le ballonnet (il est important de le laisser légèrement gonflé afin d’enlever, en délogeant la sonde, les éventuels reflux) puis extuber l’animal délicatement.

Veillez à laisser la tête de l’animal en hauteur et n’hésitez pas à tirer délicatement sa langue vers l’extérieur pour l’aider à mieux respirer.

L’extubation des races brachycéphales est le moment le plus critique de leur anesthésie. L’animal doit être sous surveillance continue et près du matériel nécessaire si une intubation en urgence doit être réalisée. Il est important de laisser l’animal au calme durant sa phase de réveil.

Les deux premières heures après la fin de l’anesthésie sont les plus critiques car c’est à ce moment-là que l’on constate le plus de décès.

Le rôle de l’ASV est primordial lors de l’anesthésie d’un chien de race brachycéphale car il faut faire preuve d’anticipation et de réactivité. Il faut connaître les bons gestes et déceler les signes d’augmentation respiratoire ou de stridor (bruit inspiratoire) souvent lié à une obstruction empêchant l’animal de s’oxygéner correctement.