ASV chirurgie

AUTEUR DE L’ARTICLE
Julie REGNAULT – ASV de chirurgie

Le chat est désormais le 1er animal de compagnie devant le chien en France.

Pourtant, peu d’entre nous prennent le temps de comprendre et d’observer ce félin avant de le sortir de sa cage.
Depuis 2012, un label CAT FRIENDLY a été créé par la société internationale de médecine féline (ISFM). Le bien-être du chat et la prise en charge médicale deviennent primordiaux dans le milieu vétérinaire.

Le chat domestique a un domaine vital : il utilise des moyens de communication visuels et olfactifs qui lui permettent de laisser des traces dans son environnement. Ce sont des messages pour eux-mêmes et pour leurs congénères.
Venir chez le vétérinaire peut engendrer du stress et donc un changement de comportement voire de l’agressivité : le chat perd tous ses repères.
L’Auxiliaire spécialisée vétérinaire (ASV) joue un rôle important dans la compréhension du comportement des animaux.

Le chat ne se manipule pas comme un chien !

L’équipe soignante (ASV et vétérinaire ou 2 ASV) doit avoir une confiance mutuelle et le même esprit de travail. Lorsque nous travaillons auprès des chats, la rigueur et l’efficacité sont importantes pour limiter le stress, mais aussi les morsures et/ou griffures fautes d’une mauvaise communication (contention, motif de rendez-vous, préparation du matériel).

Voici quelques conseils utiles pour apaiser ces 4 pattes et limiter le stress au maximum.

  • Tout commence lors de la prise de rendez-vous. Conseillez à vos clients de sortir la cage de transport plusieurs jours avant la visite à la vue de l’animal. La cage doit également être propre. Pour les chats anxieux, demandez à vos clients de prévoir le temps nécessaire pour mettre le chat dans sa boite.
  • Environ 30 minutes avant le départ, ils peuvent vaporiser des phéromones dans la cage pour apaiser leur chat pendant le trajet.
  • La cage de transport peut être placée sur le sol de la voiture ou sanglée sur un siège, en la recouvrant idéalement d’une couverture.
  • Sauf contre-indication, il est conseillé de les laisser à jeun (de nourriture) quelques heures avant le départ, afin de limiter le mal des transports. Il est également possible que le vétérinaire prescrive de la gabapentine et/ou des anti-nauséeux.
  • Lors de l’arrivée à la clinique, indiquez au propriétaire où se situe la zone chat. A défaut d’une salle d’attente spécifique, vous pouvez leur prodiguer plusieurs conseils :
    • mettre la cage en hauteur (meuble, chaise),
    • placer une couverture sur la cage,
    • éviter les zones proches des portes (zones bruyantes),
    • éviter qu’il soit à côté d’une autre espèce (chien, Nouveaux Animaux de Compagnie).
  • Dans la mesure du possible, prévoyez des plages horaires fixes pour les consultations chats. En effet, il faut au préalable bien nettoyer la salle d’attente et la salle de consultation, quel que soit le patient précédent (chien, NAC et même chat) ; nos amis félins sont particulièrement sensibles aux odeurs (souillures ou phéromones d’alarme laissés par les compagnons précédents).
  • Une salle de consultation exclusivement chat est également conseillée. L’ambiance de la salle est particulièrement importante : lumière douce, huiles essentielles apaisantes et/ou phéromones, plaid sur la table pour le confort des vieux matous, jouets et/ou friandises pour les chatons par exemple.
  • L’auxiliaire doit connaître le motif de consultation et ainsi préparer les produits et/ou instruments en amont pour éviter tout bruit qui pourrait être source de stress (ouverture des emballages de seringues et d’aiguilles, ouverture des carcans, préparation du sparadrap…). Pour la tonte, privilégier une tondeuse silencieuse.

Arrive le moment de la prise de contact avec l’animal.

L’ASV doit reconnaitre les signes de peur ou d’agression à travers la cage (par exemple les feulements et les oreilles rabattues sont des signes de menace). La prise en charge par l’équipe soignante doit s’adapter au comportement de chaque chat.

Quel que soit le comportement de l’animal, il ne faut jamais mettre les mains directement dans sa cage de transport, que ce soit pour le prendre ou pour le caresser. Pour un chat très stressé voire agressif, une tranquillisation en intramusculaire est conseillée : « Le moins permet le plus ». Pour cela deux situations sont possibles :

  • Le chat se laisse approcher et la cage est démontable. Dans ce cas, retirer la partie supérieure de la cage, laisser le chat dans la partie inférieure, déposer une serviette sur sa tête pendant que le vétérinaire réalise l’injection en IM en para-lombaire.
  • Le chat n’est pas touchable. Ouvrir sa cage et la basculer au-dessus d’un sac ou d’une cage de contention pour ne pas avoir de contact direct avec le félin. Le vétérinaire peut faire l’injection au travers du moyen de contention.

Dans les 2 cas, une fois l’injection réalisée, placer la salle dans le noir. Dès que la tranquillisation a fait son effet, le vétérinaire pourra commencer son examen, tout en prenant garde aux éventuelles réactions de votre patient.

  • Pour un chat ne montrant aucune posture de vigilance, ouvrez la porte de sa cage de transport et laisser le déambuler librement dans la pièce pour lui laisser un temps d’habituation. Si le chat refuse de sortir spontanément, basculer délicatement sa cage de 45° et laisser le sortir. Par ailleurs, certains chats se sentent rassurés dans leur cage, le vétérinaire peut aussi très bien réaliser son examen dans le fond de celle-ci (retirer uniquement le haut de la cage). N’hésitez pas à demander au propriétaire son avis.
  • Pour chaque situation, la contention doit être douce mais ferme, sans hésitation.
  • Parler au chat avec une voix calme le rassurera, par exemple racontez-lui une histoire ou expliquez-lui calmement ce que vous êtes en train de faire. En revanche, éviter les bruits tels que les sifflements, les claquements de langue… qui eux auront plutôt l’effet inverse, à savoir le stresser.
  • Gardez toujours un contact avec le chat durant les soins, cela permettra de garder l’inhibition de l’animal.
  • Pour le détendre, vous pouvez le gratter ou le caresser au niveau du menton (zone de sécrétions des phéromones faciales) ou sur le sommet du crâne jusqu’au chanfrein (zone VG20 en acupuncture). « Moins vous CAT’cher un chat, mieux il acceptera ».

Lors de l’examen clinique, vous pouvez aussi vous servir du plaid sur la table, et envelopper le chat pour faire la contention , cela lui procurera une sensation de sécurité. Si vous devez poser un cathéter ou faire un acte inconfortable, protéger les pattes avec le plaid et la tête avec un carcan pour éviter les morsures et les griffures.

Dès que l’examen est fini, laisser à votre patient la possibilité de rentrer dans sa cage. Durant toute la visite, notre ami le chat a besoin de confort et de calme dans ce territoire inconnu. A nous en qualité d’ASV, de mettre en place des process pour que ce compagnon se sente bien et qu’il ne garde pas un mauvais souvenir de ses venues à la clinique. La première visite est importante pour le félin, un échange positif permettra de pouvoir réaliser de futurs examens dans les meilleures conditions ; une sérénité et une confiance s’installeront entre propriétaire, patient et équipe soignante.

Références

  1. Site Icad,Site Cat Friendly Clinic,
  2. Livre comportement du chat : biologie et clinique de Anne-Claire Chappuis-Gagnon,