Quelques généralités à savoir sur la réanimation en médecine vétérinaire :
• 6 à 7% de taux de réussite en moyenne
• Environ 20 % de réussite lors d’une anesthésie avec un cathéter veineux déjà en place, un monitoring d’anesthésie (capnographe, ECG…) et une intubation trachéale.

La réanimation s’articule autour de deux méthodes :
• BLS (Basic Life Support) qui correspond à initier des compressions thoraciques ainsi qu’à ventiler le patient.
• ALS (Advanced Life Support) qui correspond à mettre en place un monitoring et à avoir une voie veineuse pour pouvoir injecter certaines molécules (adrénaline, atropine).

Une bonne organisation du matériel est primordiale pour une plus grande efficacité. Il est important de placer un « kit » de réanimation (sous forme d’une mallette par exemple) dans un endroit stratégique de la clinique, à la portée du plus grand nombre. Cette mallette doit contenir les molécules pour la réanimation (adrénaline, atropine), des seringues de 1 mL avec des aiguilles directement montées sur les seringues.
Un code couleur peut être utilisé : aiguille orange pour l’atropine et aiguille bleue pour l’adrénaline pour éviter les erreurs lors de la préparation des molécules au cours d’une réanimation.
Un tableau contenant les différents dosages de molécules en fonction du poids peut également être mis en place afin d’éviter les calculs et les erreurs lors de précipitation. Un chronomètre doit aussi être inclus dans la mallette. Il est important de veiller au réapprovisionnement de la mallette, une ASV désignée au sein de la clinique peut être en charge de cette mission.

Afin de faciliter une intubation rapide et adaptée à la taille du patient, différentes sondes de toutes tailles doivent être à disposition, ainsi que des liens pour attacher celles-ci, un laryngoscope et une seringue sèche pour gonfler le ballonnet de la sonde. Il faut également avoir tout le matériel nécessaire à la pose d’un cathéter.

Le travail d’équipe et la communication sont les clés de la réussite à la réanimation cardio-pulmonaire. Il faut dans l’idéal avoir une personne responsable pour chacun des postes suivants :

• Massage cardiaque
• Ventilation pulmonaire
• Préparation des molécules
• Gestion du chronomètre
• Un leader qui donnera les directives

Même avec un effectif réduit c’est possible, plusieurs postes peuvent être occupés par une seule personne. L’important c’est la communication et l’organisation !
L’ASV a un rôle très important lors de l’anesthésie d’un animal, il ou elle doit être en mesure d’identifier un arrêt cardio-respiratoire en maximum 15 secondes !

Le premier réflexe à avoir : A comme « AIRWAYS » : vérifier les voies aériennes -> absence d’obstruction ?
Deuxième réflexe : B comme « BREATHING » : vérifier que le patient ne respire plus.
Troisième réflexe : C comme « CIRCULATION » : palper un pouls, ausculter le cœur. Attention, il ne faut pas perdre de temps, en cas de difficultés cette étape peut être ignorée.

En cas de doute sur un potentiel arrêt cardio-respiratoire, il faut prévenir au plus vite le vétérinaire en charge de l’animal ainsi que les personnes présentes dans la clinique afin de commencer dès que possible une réanimation si besoin.

Le massage cardiaque doit être démarré sans attendre après l’identification d’un arrêt cardio-respiratoire. Pour qu’un massage cardiaque soit le plus efficace possible, il ne doit pas être interrompu sauf lors d’un changement de masseur (toutes les deux minutes). L’auscultation et la prise de pouls seront réalisées lors du changement de masseur.

Il est important de changer de masseur toutes les 2 minutes sous peine de perdre en efficacité. Le rythme des compressions doit être régulier, pour cela rien de mieux que de suivre le rythme de la chanson « Stayin’ Alive ». La fréquence des compressions doit être idéalement située entre 100 et 120 compressions par minute.

Attention, la position dans laquelle faire le massage cardiaque dépend de la conformation du thorax. Presque tous les chiens seront installés sur leur décubitus latéral gauche sauf les chiens avec une cage thoracique « ronde » (type bouledogue, carlin…) qui eux seront installés sur leur décubitus dorsal .

Les mains seront à adapter en fonction du thorax de l’animal comme le montre l’image ci-dessus.
En ce qui concerne les petits chiens et les chats, ils seront installés en décubitus latéral gauche. La compression devra être adaptée en fonction du poids de l’animal :

Soit avec les deux mains comme pour les chiens en exerçant une pression de plus faible intensité, soit avec une seule main qui viendra se positionner d’un côté du thorax tout en utilisant sa deuxième main en contre poids dans le dos de l’animal.

Il est à noter qu’un masseur expérimenté peut espérer obtenir seulement 30 % du débit cardiaque normal. Il est donc important d’optimiser le positionnement du patient et la technique de compression thoracique.

La ventilation est une partie très importante lors d’une réanimation, quelques points sont à connaître :
Le choix de la sonde endotrachéale est relativement important. En utilisant une sonde trop petite, des fuites seront présentes et entraîneront une mauvaise oxygénation des poumons. Une sonde trop avancée dans les voies respiratoires pourrait causer une intubation dite « sélective » entrainant un collapsus des lobes pulmonaires non ventilés.

Le recours aux appareils de monitoring apporte différentes informations sur les paramètres vitaux :
• Le pulsoxymètre : il mesure la fréquence cardiaque et la saturation du sang en oxygène (appelée SpO2, mesurée en % et située normalement entre 95% et 100). Il se place sur la langue, à l’oreille, sur les babines, ou même sur le prépuce / la vulve.
• Le capnographe : il mesure la concentration en dioxyde de carbone (CO2) expiré, c’est un indicateur de la qualité du massage.
• L’électrocardiogramme : il retranscrit l’activité électrique du cœur sous forme d’un tracé. Il permet l’identification des arythmies cardiaques.
Moyen mnémotechnique pour le placement des éléctrodes :
– Côté gauche : « le soleil sur la prairie » = électrode jaune sur le membre thoracique gauche, électrode verte sur le membre pelvien gauche
– Côté droit : « la cerise sur le gâteau » = électrode rouge sur le membre thoracique droit, électrode noire sur le membre pelvien droit

En réanimation, le vétérinaire sera amené à recourir à diverses molécules dont notamment :

• L’adrénaline, elle agit comme vasopresseur, c’est-à-dire qu’elle augmente la pression artérielle en induisant une vasoconstriction (= action de « resserrer » les vaisseaux sanguins). Cela améliore la perfusion du cerveau et du cœur lui-même. Elle est utilisée en l’absence de rythme cardiaque. Deux doses sont classiquement utilisées, une dose dite « faible », et une dose « forte » utilisée qu’après 10 à 12 minutes de réanimation infructueuse.

• L’atropine, c’est un vagolytique, elle a pour effet d’accélérer le rythme cardiaque. Elle est donc utilisée lorsque l’animal est en bradycardie (lorsque le rythme cardiaque diminue fortement), ou lorsque l’animal présente conjointement des troubles digestifs (vomissements notamment).

La personne en charge des instructions devra veiller à la fréquence d’administration des molécules. Elles sont à administrer toutes les 2 minutes suivant les consignes du vétérinaire en charge de la réanimation.

En conclusion, l’ASV a un rôle primordial pour mener à bien une réanimation en collaboration avec l’équipe vétérinaire. L’ASV veillera notamment à anticiper les besoins du vétérinaire, elle s’assurera que le matériel est constamment rangé de façon optimisée et prêt pour une nouvelle réanimation.
La réussite d’une réanimation ne s’improvise pas, la réalisation d’entraînements au sein de votre clinique permet d’identifier les enjeux afin que l’équipe soit prête à faire face à une situation aussi stressante qu’est la réanimation d’un de nos patients. En effet les premières minutes sont cruciales, nous devons agir rapidement.

Rédigé par Noémie PELI, ASV de médecine interne.